Salut les martiens !
Bon... Encore désolée de m'être effacée pendant ces deux mois mais promis, cette fois, je travaille bien. Et oui, j'ai décidé de vous livrer un nouveau texte toutes les deux semaines pour éviter les problèmes de temps et bien me fixer. Bon... Aujourd'hui, nous sommes Jeudi mais les textes ne commenceront à paraître que les Vendredis ( sauf si besoin est de changer )
En attendant, je vous laisse lire quelques lignes d'une nouvelle histoire qui se passe cette fois-ci au temps du Roi Soleil. La principale protagoniste est Isabelle, meilleure amie de Marie-Anne de Bourbon, célèbre Princesse de Conti, fille du roi etc...
Et je ne sais toujours pas ce qui pourrait bien lui arriver de mouvementé dans ce siècle où Versailles est au coeur de l'actualité et des aventures...
Un bruit de
sabots résonna dans la nuit. Isabelle ferma son livre et le reposa délicatement
sur sa table de chevet.
La nuit était
bien avancée dehors et pourtant, elle ne trouvait pas le sommeil ; c’était
là le pouvoir que les livres avaient sur elle et que son amie Marie-Anne avait
peine à combattre. « A chaque fois que je te vois, tu es avec un livre, »
lui répétait-elle si souvent. « Ne profites-tu donc nullement des joies de
Versailles ? Des bals ? Des jeunes hommes qui nous font la
cour ? » Cette pensée arracha un sourire à Isabelle. Marie-Anne, la
célèbre Mademoiselle de Blois qui était son amie de toujours n’en serait pas au
bout de ses peines si son but était de la dissuader de passer autant de temps à
lire, car elle, Isabelle de Villeneuve, ne laisserait jamais tomber la douceur
de ces pages qui lui offraient tant de secrets. Isabelle et Marie-Anne avaient
toutes deux vécu à Versailles depuis toujours mais là où l’on trouvait toujours
la frivole Marie-Anne dans les jardins ou cachée quelque part dans l’énorme
palais de Versailles, on ne peinait guère à trouver la petite Isabelle lisant
un livre, toujours dans la bibliothèque du palais. De plus, Marie-Anne était
une des filles légitimées du roi, pratiquement reine de la cour par sa bonté et
sa joie de vivre. Isabelle, elle, était la fille d’une des plus fidèles
demoiselles de compagnie de la reine Marie-Thérèse, ce qui lui avait valu une
place privilégiée auprès de la Reine, à Versailles. Et pourtant, elles étaient
devenues amies malgré leur différence de rang et de caractère.
Isabelle
jeta au livre sagement posé sur sa table un regard d’émeraude qui se voulait
empli de tendresse ; c’était Marie-Anne qui le lui avait offert plus tôt
dans la journée.
-
« Isabelle, »
avait-elle dit. « J’ai un présent pour toi, car, tu le sais, nous sommes le 17
de ce mois de Mai et Louis m’a rappelé que c’était la veille d’un jour
spécial… »
-
« Spécial ? Ma
foi, tu utilises tant ce mot que je ne sais plus discerner le génialissime du
courant avec toi, ma chère amie. Mais laisses-moi donc deviner… Serait-ce ce
jour glorieux où j’ai enfin réussi à te vaincre aux cartes après le bal masqué
de l’an dernier ? »
-
« Mais non, idiote !
Penses-tu que mon abruti de frère soit curieux de savoir ce que nous faisons
après les bals ? Lui-même se pavane et frivole avec des hommes. Non, je te
le répète, » continua-t-elle en riant, « ce n’est pas de cela que je
voulais parler… Réfléchis un instant et dis-moi qui sur Terre ne saurait pas
quand est sa date d’anniversaire, tête de linotte ! »
-
« Je ne doute pas une
seule seconde que tu ne me croie pas tant tu me connais mais je le dis tout de
même. Cela m’était complètement sorti de la tête ! »
-
« Avec ce dernier
livre que tu viens de lire, j’espère que celui que je t’offre maintenant ne
finira pas d’achever ta mémoire, cela me briserait énormément le cœur, tu sais
combien tu comptes pour moi. »
Marie-Anne
l’avait alors enlacé et lui avait glissé dans la main un livre à la couverture de
velours vert marais. Celle-ci était ornée d’or sur les deux extrémités du haut et
du bas et au milieu, on pouvait lire, en lettres élégantes du même or que les
extrémités : Perrault.
Isabelle
avait toujours aimé les histoires de Charles Perrault, mais elle n’aurait
jamais cru pouvoir posséder un de ses tous nouveaux livres signés pas lui-même
et reliés le matin-même.
-
« Je t’ai si souvent
entendu parler de ce Perrault qu’hier, lorsque Louis m’a parlé de ton
anniversaire, je n’ai pas attendu plus longtemps pour obtenir une audience avec
Père, » s’était expliquée Marie-Anne sous le regard émerveillé de son
amie. « Il vient à peine de venir. Monsieur Perrault l’a apporté
lui-même. »
Isabelle s’était
ruée dans les bras de son amie et trépignait déjà d’impatience de rentrer dans
sa chambre afin de laisser les mots la transporter dans les bals de Cendrillon
et les rues de ce Paris qu’elle n’avait jamais vu. Elle garda un œil sur le
livre dans ses bras toute la journée et mourrait d’envie de l’ouvrir et de s’y
plonger mais le lendemain, elle fêterait ses 16 ans et le roi tenait à
organiser un inoubliable bal pour les fêter. Aussi, se retrouva-t-elle tantôt
dans l’immense salle de bal du palais afin de décider du décor, tantôt dans la
chambre de Marie-Anne qui avait fait expressément mander un couturier de la
Cour afin de lui créer une robe. Ensuite, elle se retrouvait comme par
enchantement dans les jardins, là où devraient se passer la deuxième partie du
bal. Cela n’en finissait plus et, lorsque la nuit fut enfin tombée, Isabelle n’eut
pas à se faire prier pour rentrer dans sa chambre et mander Gaëlle, une de ses
amies et domestique, afin qu’elle puisse l’aider à se mettre en robe de
chambre. Enfin plongée dans la douceur de ses draps, elle ouvrit alors le livre
et, comme chaque fois qu’elle le faisait, sentit les mots jaillir du livre et l’envelopper
pour l’emporter dans un monde que seule elle pouvait atteindre.